PARCOURS

CHRONOLOGIE

[Merci à tous les amis qui m’ont aidé à construire ce blog !]

1962 : Naissance à Saint-Maixent l’Ecole (Deux-Sèvres). Baptême. 

1964 : Nuage de hannetons dans le jardin familial. Naissance d’une passion pour les insectes.

1966 : Mutation paternelle à Paris. Brève collection de plumes de pigeons.

1970 : Premier vinyle de jazz. Début d’une longue série.

1973 : Première batterie artisanale (barils d’Ariel et boites métalliques pour gâteaux secs).

1981 : Bachelier, mention passable. Batteur le weekend, pour l’argent de poche.

1982 : Rencontre avec Cédric, porteur d’une infirmité motrice d’origine cérébrale. Naissance d’une grande amitié.

1984 : Diplômé de Sciences po Paris, section service public. Champion de France Universitaire d’athlétisme (4 x 100 mètres).

1985 : Licencié en droit. Départ pour le service militaire.

1986 : Fondateur de l’association À bras ouverts qui organise la rencontre entre de jeunes accompagnateurs et des enfants ou jeunes porteurs d’un handicap (weekends, vacances).

1987 : Bat Jean-Charles Trouabal en finale du 200 mètres des championnats universitaires d’athlétisme d’Île-de-France en 21’4 : record du monde féminin (donc non homologué…).

1988 : Diplômé de l’Essec, Membre fondateur de sa chaire d’économie urbaine. Stage de six mois au secrétariat d’Etat à la Jeunesse et aux Sports, chargé d’une mission sur les loisirs des enfants handicapés.

1988 à 1990 : Salarié des Petits Frères des pauvres, association d’aide aux personnes âgées : communication, lancement de projets innovants (rencontres intergénérationnelles…).

1989 : Mariage !

1990 à 1994 : Consultant dans un cabinet de conseil aux institutions sanitaires et sociales (Sanesco). Missions dans les services sociaux, les centres hospitaliers et médico-sociaux, les institutions d’accueil pour personnes âgées etc. Nombreuses missions dans les hôpitaux spécialisés (psychiatrie).

Depuis 1994 : Délégué général de l’association Alliance Vita, « solidaires des plus fragiles », qui promeut la protection de la vie humaine et de la dignité de toute personne.

De 2012 à 2014 : Porte-parole de la Manif pour tous.

2013 : Co-initiateur du Courant pour une Ecologie Humaine.

…ILS ONT FAIT SON PORTRAIT

LE FIGARO : Samedi 23 mars 2013

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Surtout «ne pas s’arrêter aux apparences». Lui qui a été, un peu vite, étiqueté «raté» et «paresseux» à l’adolescence, en a fait sa philosophie: essayer «d’avoir un autre regard» sur son prochain, de «chercher ses talents». Et comme «le fait d’avoir souffert rend plus sensible à la souffrance des autres», les plus fragiles, Tugdual Derville leur a consacré toute sa vie.

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Une quinzaine d’écoles, deux premières, deux terminales, puis un bac obtenu de justesse à 19 ans et demi… le jeune Tugdual démarre mal dans la vie. Mais il se ressaisit. Ses difficultés, que l’on identifiera plus tard comme de la dyslexie, il les oublie et prépare Sciences Po à sa manière, «en chantant et en dessinant»… Enfin un succès! L’été de ses vingt ans a lieu la rencontre décisive: lors d’un camp de vacances pour enfants handicapés, il croise le regard de Cédric, un petit garçon qui ne s’exprime qu’en clignant des paupières. «Cette rencontre m’a rempli d’émerveillement devant son humanité, se souvient-il, encore ému. J’ai aussi expérimenté mes limites dans mes capacités à accueillir cette différence… En une semaine, j’ai senti que ma vie basculait.»

En 1986, à seulement 24 ans, il fonde À Bras ouverts, un mouvement qui accueille des jeunes handicapés. «Parfois un rejet viscéral montait en moi, confesse-t-il. Cela m’est très précieux aujourd’hui dans mon travail pour la dignité de la personne.» Il rejoint ensuite les Petits Frères des pauvres, puis, comme consultant, un cabinet de conseil aux institutions médicales et sociales.

Depuis 1994, il est délégué général d’Alliance Vita. Une association, fondée au moment des premières lois bioéthiques, dont l’objectif est de sensibiliser à la protection de la vie et au respect de la dignité humaine. «J’y ai développé deux services d’écoute, raconte ce père de six enfants. SOS bébé et SOS fin de vie.»

Aujourd’hui, fort de son «échec d’adolescent, l’une de ses valeurs les plus précieuses», le quinquagénaire sait que «des vies peuvent se jouer à très peu».

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PELERIN : Jeudi 31 janvier 2013

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Délégué général de l’association Alliance Vita, Tugdual Derville est une des figures de « la Manif pour tous » qui s’oppose au projet de loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe en discussion à l’Assemblée nationale.

Dans sa poche, le téléphone n’arrête pas de vibrer. Des journalistes se pressent à sa porte et le matin même, dans le train qui le conduisait de la Vendée à Paris, plusieurs passagers l’ont reconnu. Pour Tugdual Derville, délégué général del’association Alliance Vita, cette notoriété est inédite.

« Nous vivons un moment historique », affirme-t-il avec fierté, tout de même pris d’un certain vertige en songeant à la foule réunie le 13 janvier sur le Champ de Mars, à Paris, pour manifester son opposition au projet de loi sur le mariage pour tous. 340 000 personnes selon la préfecture ?

Plus d’un million selon les organisateurs ? La bataille des chiffres n’intéresse pas Tugdual Derville. La victoire, pour lui, c’est « d’avoir réussi à montrer la nécessité d’un débat. Il faut maintenant que François Hollande l’entende, suspende le projet et organise un référendum. Ce n’est pas au Parlement de trancher sur un sujet aussi grave. »

■ Quel sort pour les enfants ?

Au-delà du mariage civil, Tugdual Derville s’inquiète du sort des enfants qui seront conçus par procréation médicalement assistée ou par mères porteuses, même si ces derniers dispositifs n’entrent pas dans l’actuel projet de loi.

« Nous avons tous été engendrés d’un homme et d’une femme, rappelle- t-il. Effacer délibérément ce repère-là va nous faire basculer dans un autre monde où l’enfant deviendra un objet. Tous les désirs – et le désir d’enfant en est un, magnifique – méritent d’être entendus mais tous ne peuvent être exaucés. Comment un enfant peut-il se construire dans le mensonge ? La démocratie doit avant tout protéger les plus vulnérables. »

■ Défendre le respect de la vie

Défendre les faibles et les fragiles, voilà le leitmotiv de sa vie d’engagements. Fils de militaire, Tugdual Derville, 51 ans, a passé son enfance entre Lille, Paris, la Bourgogne et la Provence. Dyslexique, un brin rêveur et « mélancolique », il a plus de 19 ans lorsqu’il obtient son bac « avec de grosses difficultés ». Il se révèle ensuite, dans un cursus brillant qui le mène à Sciences Po puis à l’Essec, une prestigieuse école de commerce. À peine diplômé, il entre chez les petits frères des Pauvres. « Je n’aurais pas pu travailler ailleurs », dit-il.

Une rencontre, à Lourdes, lorsqu’il avait 20 ans, l’a transformé. « J’étais brancardier volontaire et je me suis occupé d’un petit garçon d’une dizaine d’années, Cédric. Très lourdement handicapé, il ne communiquait qu’en clignant de l’œil, se souvient-il. J’ai compris ce que signifiait la dignité humaine ».

En 1986, il fonde l’association À bras ouverts, où des bénévoles accueillent, le temps d’un week-end, des enfants handicapés, pour permettre à leur famille de reprendre des forces. L’organisation compte, aujourd’hui, 15 000 bénévoles.

Après ce premier poste chez les petits frères des Pauvres, il travaille quelque temps auprès de l’économiste de la santé Jean de Kervasdoué, puis rejoint Alliance Vita dont il devient délégué général en 1994. L’association, fondée en 1993 par Christine Boutin lors des premières lois bioéthiques, milite pour la protection de la vie humaine de la conception jusqu’à la fin de vie.

« Défendre le respect de la vie humaine, c’est descendre dans la fosse aux lions : on m’a insulté et accusé, à tort, de juger les femmes qui avaient recours à l’avortement », explique Tugdual Derville qui a fait du refus de l’euthanasie un autre de ses grands chevaux de bataille.

Débordé par les réunions du collectif et les sollicitations des médias, il doit souvent se résoudre à dormir en solitaire sur le canapé de son bureau. « Je sens que j’ai une responsabilité face à la mobilisation, confie-t-il. Il faut que les gens mesurent la grandeur de ce qui les animent. L’ampleur du mouvement montre notre attachement à ces repères immémoriaux, un père et une mère. Je le compare à l’émergence de l’écologie, il y a quelques décennies. La question centrale est la même : quelle Terre allons-nous laisser aux générations futures ? »