Le tabou homosexuel

drapeauarcencielEngagement ferme du gouvernement Ayrault, le «  mariage gay  » est un casse-tête pour ses opposants. Comment lui résister sans jeter l’opprobre sur les personnes homosexuelles  ? Toute opposition peut alimenter — à tort ou à raison — leur sentiment d’être en butte à ce que leur lobby appelle l’homophobie, c’est-à-dire une peur et un rejet de ce qu’ils sont. Or, ce terme d’homophobie est piégé car il amalgame la haine, la violence et la discrimination au refus du mariage et de l’adoption homosexuels. Avec deux conséquences  : on ferme les yeux sur l’injustice qui consiste à priver délibérément un enfant d’un père ou d’une mère, mais aussi on encourage les personnes fragiles aux relations homosexuelles.

La notion d’homophobie vise surtout, ultimement, à interdire tout jugement de valeur sur l’homosexualité en elle-même, jusqu’à obtenir de la justice qu’elle interdise l’expression d’une conviction contraire à la doctrine officielle. «  Être homo, c’est bien  » pouvait-on lire dans l’introduction d’une plaquette de prévention du sida à destination des adolescents. Pareille affirmation à connotation morale ne contredit-elle pas l’expérience de nombreuses personnes concernées  ? Avec le déni comme moyen de défense, la valeur de l’homosexualité est devenue sujet tabou. Mais peut-on évacuer cette question  ?

L’orientation homosexuelle demeure pour tous un mystère multiforme. Selon les cas, elle est plus ou moins irrépressible. Ce n’est pas le moindre des paradoxes d’entendre proclamer d’un côté que chacun a le droit de «  choisir  » son orientation sexuelle et de l’autre qu’elle s’imposerait à une personne comme une évidence depuis toujours. En réalité, ce trouble identitaire — mais a-t-on encore le droit d’affirmer qu’il s’agit d’un trouble  ? — peut avoir des origines multiples, selon l’histoire de la personne…

L’homosexualité peut sembler naître avec elle  ; elle peut aussi résulter d’événements de la petite enfance  : difficulté de positionnement par rapport aux parents ou dans la fratrie, violences subies, etc. Elle se découvre ou se détermine aussi à l’adolescence. Il n’est pas rare — ni anormal — qu’un adolescent expérimente une attirance homosexuelle avant que sa personnalité ne mûrisse. Cela n’implique aucunement qu’il «  soit  » homosexuel, ni condamné au passage à l’acte. Mais un tel passage à l’acte risque de l’enfermer dans cette orientation. On peut aussi glisser vers l’homosexualité à l’âge adulte, à cause d’une crise personnelle… La promotion actuelle de la «  bisexualité  » fragilise certains hommes, qui ima¬ginent soudain avoir été forcés, à tort, à se laisser attirer exclusivement par le sexe complémentaire. À toutes les étapes de la vie, l’articulation entre nature et culture réclame donc un travail personnel pour que chacun ait toutes les chances de devenir, le mieux possible, ce qu’il est appelé à être  : pleinement homme ou pleinement femme. Se recevoir tel qu’on se sent se révèle insuffisant car virilité et féminité résultent aussi de l’apprentissage. Difficile pour certains quand la culture dominante promeut l’androgynie.

Face à la découverte d’une orientation homosexuelle comment concilier accueil de la réalité et refus de la fatalité  ? Chaque histoire est unique  : alors que certaines personnes ont résisté en vain à l’homosexualité, elle a été réversible pour d’autres… Une chose reste certaine, la découverte d’une orientation homosexuelle est très souvent — et il faut en prendre la mesure — un drame personnel extrêmement bouleversant, culpabilisant, voire humiliant. La virulence de la Marche dite «  des fiertés  » et même son titre manifestent l’intensité de la souffrance intime que de nombreuses personnes homosexuelles endurent pendant toute leur vie.

Le lobby qui prétend les représenter attribue à ce qu’il nomme l’homophobie ambiante la lourdeur de cette peine. Certes des brimades viennent en rajouter injustement, mais il serait tout aussi injuste de nier que c’est la réalité homosexuelle qui vient intrinsèquement blesser celui qui la découvre, et qui n’y est pour rien. Nier qu’un mal soit un mal relève de la violence psychique.

Prétendre résumer une personne à sa sexualité ou à ses actes étant une grave injustice, le respect des personnes exige donc de ne jamais confondre orientation (voire expérience) avec identité. C’est dans cet esprit qu’il convient de s’opposer aux revendications du lobby homosexuel. Dans la paix mais avec fermeté, car elles sont lourdes de conséquences pour toute la société.

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