Agnès Thill, la résistante (25 janvier 2019)

Agnès Thill, la résistante

 

C’est à une femme que je dédie cet éditorial. Une mère qui sait ce que coûte d’élever seule sa fille. Une directrice d’école qui connaît l’intérêt supérieur des enfants. Une députée de la Nation.

Oui, c’est pour vous que je prends la parole Agnès Thill. J’ai envie de dire « chère Agnès Thill » ; mais, pour ne pas vous compromettre, je précise que je n’ai jamais eu l’honneur de vous rencontrer, et que nous divergeons sur certains sujets qui me tiennent à cœur.

Vous ne le savez que trop bien, tous les coups sont permis de la part de ceux qui rêvent d’interdire le débat sur la PMA. S’ils tentent de vous salir en conscience – ou plutôt en toute inconscience – c’est qu’ils croient appartenir à un camp du bien qui autoriserait tout.

Madame Thill, menacée de sanction par La République en Marche, vous avez été convoquée par votre propre famille politique parce que vous refusez d’avaliser la PMA sans père. Déjà avertie, vous avez osé répéter que le désir d’enfant, même intense, n’ouvrait pas, en soi, des droits ; qu’un enfant ne saurait être un médicament pour soulager une souffrance ; qu’un désir ne peut se faire tout-puissant. Vous avez donné l’exemple de l’état de manque des toxicomanes, qui n’ouvre pas droit à de la drogue. La métaphore a déplu. Trente de vos collèges ont demandé votre exclusion du parti. Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a jugé vos paroles « insupportables et méprisantes », lui qui stigmatisait avec dédain, au début des Gilets jaunes, « les gars qui fument des clopes et qui roulent au diesel ».

Je précise qu’on a caricaturé vos paroles, car vous n’avez jamais traité de droguées les femmes qui revendiquent la PMA sans père. Toutefois, vous avez eu la prudence et la noblesse de retirer vos propos en ce qu’ils ont pu blesser, et d’en demander pardon, tout en maintenant votre position sur le fond. Vous avez aussi mis en garde les jeunes femmes contre la fausse-liberté de la congélation ovocytaire qui les met à la merci des employeurs.

Bravo !

Comment le président de la République, qui a promis de ne pas humilier ses opposants bioéthiques, pourrait-il décider, à l’approche des élections européennes, que soit bannie votre voix ?

Quant à moi, je veux simplement vous dire mon estime et mes encouragements. De même qu’une seule petite lumière perce les ténèbres, sachez que votre défense de l’enfant contre la folie des désirs tout-puissants touche des cœurs, et porte loin. Elle s’inscrit dans l’Histoire de France. La résistance s’y conjugue toujours au féminin. Merci !

 

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