Coronavirus et conflits (06 mars 2020)

 

Au café du commerce hexagonal, on débat « Coronavirus ». Sujet envahissant. Quand il était loin, en Chine, peu se sentaient concernés.

Sur fond de mondialisation, planait le risque d’une nouvelle invasion par l’Orient. Frissons garantis. Certains prédisaient déjà l’hécatombe. D’autres relativisaient le danger, tel cet infectiologue marseillais dont j’ai aimé les vidéos rassurantes, malgré un ton donneur de leçons un peu suspect. Chacun choisit les prophètes dont il pense avoir besoin. De malheur pour les uns. De bonheur pour les autres…

Puis l’Italie a rapproché le grand frisson. Le virus s’installait à nos frontières. On ne savait pas bien pourquoi, le patient zéro étant introuvable. On se consolait en pointant l’inorganisation italienne et l’indiscipline de son système hospitalier. On se désolait toutefois des morts transalpins, déjà nombreux. Et paf ! Voilà le virus chez nous, ici, et là, et là encore. Avec, pour nous aussi, des maladresses, des imprudences…

Des maires malades, un préfet en quarantaine. Et déjà des polémiques. Certains estiment que la France en fait trop contre ce virus tapageur qui a fait moins de 10 morts à ce jour, alors que la grippe, avec 8000 décès, en cause, en silence, huit cent fois plus par an ! D’autres déplorent incohérences et incuries (pénurie de masques, de gel hydro-alcoolique, de tests) ou cherchent des boucs-émissaires, sur fond de crise de l’hôpital dont ils doutent qu’il puisse absorber un afflux de patients. Paradoxalement, après avoir tenté de bloquer le virus, on se relâche, comme si on lui abandonnait le terrain. Les mises en « quatorzaine » se raréfient. On ne teste plus que les malades graves.

Le Coronavirus se banalise. Se jouant des sensibilités politiques, philosophiques ou religieuses, il provoque des réactions contrastées au sein d’un même groupe d’amis, d’une même communauté. En témoignent les messages très contradictoires qu’adressent certains évêques à leurs fidèles. Et puis chacun évolue : j’ai vu des personnes affolées se rassurer soudainement à bon compte, et d’autres qui niaient toute inquiétude s’affoler soudain pour un rien.
Pour ma part, je n’arrive pas à me faire une religion. Mais je mettrais en garde contre les divisions, par anathèmes et ricanements, les paniqués taxant d’irresponsables les insouciants qui leur renvoient la pareille.

J’aurais plutôt tendance à respecter les autorités, chacune selon sa compétence, sans oublier que les victimes sont les plus fragiles. De quoi inciter chacun, par une juste prudence, à enrayer la pandémie.

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