Deux féminismes ! (9 novembre 2018)

Une interview de Ségolène Royal m’a plu, alors que j’étais encore sous le choc d’un débat bloqué que je venais d’avoir avec une autre femme, spécialiste des questions du genre à l’école, sur l’éducation des garçons et des filles.
J’essaie de résumer le non-débat : pour cette experte, la différence corporelle entre les femmes et les hommes n’en induirait aucune sur leur identité ; toute disparité de comportement, de choix d’études ou de profession ne serait liée qu’à des stéréotypes à déconstruire. Il faudrait donc expliquer aux garçons et aux filles qu’ils sont identiques.
De mon côté, tout en soutenant la dénonciation des vrais stéréotypes sexistes, je maintiens qu’il existe une différence intrinsèque entre les femmes et les hommes, une altérité ne se limitant pas à la génitalité. Cela nécessite d’apprendre aux unes à comprendre les autres, et réciproquement, pour favoriser l’harmonie entre les genres, et leur alliance. Je plaide donc pour valoriser ce « génie féminin » dont parle Jean-Paul II dans sa belle Lettre aux femmes, qui rend d’ailleurs hommage aux combats féministes. Mais ma spécialiste du genre trouve « ridicule » cette idée de génie féminin. Récusant toute complémentarité homme-femme, elle conclut qu’il n’y a qu’un seul genre, le genre humain, et qu’il faudrait abolir la distinction des genres, source de tant de préjugés et d’inégalités. Alors que nous voulions trouver un terrain d’entente, nous voilà dans l’impasse.

Heureusement, j’ai entendu peu après Ségolène Royal prôner à la radio un « féminisme positif ». Elle précise : « La femme doit exister dans sa féminité et l’homme dans sa masculinité ». Selon elle, avec davantage de femmes dans les sphères de pouvoir, la relation de l’humanité avec la nature serait adoucie. Car l’instinct masculin de domination, de prédation voire de violence doit être régulé par un regard féminin sur le monde, plus enclin à l’accueil, au respect, à l’harmonie.
Là, je suis d’accord ! L’écologie véritable a besoin d’un féminisme authentique. Pas celui de l’indifférenciation, mais celui de la différence féconde. L’enracinement des femmes dans le réel peut réguler la tendance masculine à nier toute limite. Je me souviens d’un appel du même pape Jean-Paul II à Lourdes : « Femmes, sentinelles de l’invisible, réconciliez les hommes avec la vie ! ». C’est toute la biosphère – humanité comprise – qui a besoin du féminin. Et ce n’est ni un hasard, ni un stéréotype à déconstruire, qu’on trouve tant de femmes à l’origine des mouvements qui bâtissent la paix.

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