Ferveur paysanne (8 mars 2019)

Trêve ! Grâce… Je pourrais rebondir sur les polémiques qui pleuvent, au risque d’alimenter ce déluge, mais une soif de beau et de bon me saisit grâce à un évènement situé à l’écart des trépidations de l’actualité, et pourtant ancré dans le vrai temps de l’histoire : il s’agit des Journées paysannes. Ayant entendu parler de ces Journées paysannes comme d’une expérience marquante, nous avons voulu participer, ma femme et moi, à leur 29ème édition, sur le thème : de l’économie financière à l’économie du vivant. Elles se déroulaient à Souvigny, à l’ombre de saint Mayeul et de saint Odilon dont les reliques sont conservées dans le prieuré de ce magnifique village du Bourbonnais. Ces rencontres ont pour « vocation de montrer que l’identité profonde de la vie paysanne au service de la société » répond « à un besoin de notre temps ». L’association organisatrice est dédiée au soutien des paysans dans leurs démarches agronomiques et techniques, mais aussi sociales et spirituelles.

Au-delà des interventions visant à encourager les participants à se libérer de la financiarisation de l’économie, nous avons découvert un réseau d’amitié spirituelle bienfaisant dont le monde rural a tant besoin. Au contact de ces paysans venus de toutes les régions de France, nous avons senti une intense ferveur, source d’une Espérance chrétienne à la mesure des épreuves de nos agriculteurs, tour à tour montrés du doigt ou abandonnés, et qui aimeraient gagner décemment leur vie sans dépendre de systèmes technocratiques qui finissent par les aliéner et les humilier.

Les deux tiers des participants aux Journées paysannes vivent de la terre comme cultivateurs ou éleveurs. Un tiers a d’autres attaches à la terre. Tous y puisent une part de leur ressourcement. Ce qui nous a le plus touchés, ce sont nos échanges avec des paysans pour lesquels ce lien de l’homme à la terre est vital. Seule la sagesse paysanne peut trouver les chemins de transition qui aideront l’humanité à de se libérer de ce qui, dans la modernité, la dénature. Depuis quelques années, un afflux de jeunes donne un nouvel élan aux Journées paysannes. Plusieurs nous ont expliqué le sens qu’ils donnent à leur mission : tirer leur subsistance du travail de la terre et de l’élevage, mais aussi contribuer à vitaliser les territoires ruraux et même les évangéliser. Inspirés par l’encyclique Laudato si’, certains inventent des modes de vie alternatifs moins dépendants de la société de consommation. Prophétique, cette révolution silencieuse se prépare humblement, c’est-à-dire dans l’humus.

 

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