France : de la provocation à la vocation

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Fluctuat nec mergitur : une maxime qu’on date du seizième siècle a émergé au lendemain des terribles attentats terroristes du 13 novembre 2015. Trois mots en forme de bouclier inscrits sur le blason d’une très vieille cité qui s’affirme insubmersible. Trois mots qui contrastent avec trois autres qui s’étaient imposés après les premiers massacres de janvier. Secoué, mais pas coulé ! La devise latine de Paris résonne aussi comme un pied de nez aux agresseurs. Mais nous sommes passés de la provocation à la vocation. De l’ironie à la vie. C’est elle qui continue, légère et grave. Les vivants le doivent aux victimes innocentes de ces tueries. Mort, où est ta victoire ?

Ce qui est vrai à l’échelon d’une personne éprouvée trouvant dans son passé les ressorts pour rebondir se vérifie pour les familles ou les communautés qui endurent une épreuve collective. Nous sommes en quête de sens. Voilà ce qu’expérimente aujourd’hui notre pays, par sa capitale où, du fait d’un système centralisateur, bat une bonne part du cœur de la France. Paris, qui n’en est pas à sa première blessure, se recueille pour se relever. A l’heure des cérémonies, l’on s’étonnerait à peine d’entendre une des têtes de l’exécutif évoquer la figure de sainte Geneviève, patronne de Paris et des gendarmes, qui sauva la ville d’autres barbares, en l’an 512 !

Embrasser la totalité de son Histoire, pour mesurer la valeur de son héritage, est bien plus consolateur et porteur de sens que l’appel incantatoire aux « valeurs de la République » qu’on exhibait jusqu’ici sans être en mesure de préciser leur contenu. Plus la blessure est profonde, plus il faut remonter loin, et haut. Et Dieu sait si, cette fois, la France est blessée ! Et le monde n’est pas indifférent comme l’atteste la diffusion mondiale d’un appel à la prière pour Paris, encore trois mots, cette fois d’Anglais, sous l’image stylisée de la vieille dame de fer qui veille sur la capitale…

Désormais, derrière le drapeau tricolore et l’hymne national, la référence à l’Histoire ne s’arrête donc pas à l’évocation d’un régime : ce sont toutes nos racines qui sont convoquées. Et parmi elles, la matrice chrétienne de notre pays ne fait plus autant l’objet d’un déni insolent. Qui prétend encore faire table rase de l’origine de notre nation en la faisant naître en 1789 ? L’Histoire est un tout. Et qui  oserait refuser le recours à l’intériorité et à la prière dans les temps de grand deuil ? L’homme souffrant ne peut pas admettre qu’on le prive de son ressort spirituel.

De ce point de vue, l’alarme sonne aussi comme un réveil. Dimanche 15 novembre 2015, une affluence inhabituelle a été observée dans les églises, tandis que de petites lumières brûlaient devant les lieux où des Français et des étrangers, de tous âges, de toutes conditions et de toutes religions, avaient rencontré la mort.

Milan Kundera s’étonnait : « La France est le seul pays au monde où l’on n’apprend pas à aimer la France… » Car, en maints endroits du monde, la France est encore attendue. Fallait-il une Marseillaise entonnée à Londres avec nos adversaires anglais, avant le coup d’envoi d’un match sportif à l’enjeu soudain dérisoire, pour nous en convaincre ?

Quelque chose a donc changé. Depuis janvier, il n’est plus de bon ton d’afficher son mépris pour ceux de nos compatriotes qui s’engagent dans des métiers consacrés à notre sécurité…

Il est enfin possible d’éprouver, sans fausse pudeur, l’« amour sacré de la patrie », cette douce France, pays de cultures, où nous voulons vivre en paix.

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