L’eau du bain, pas le bébé ! (12 octobre 2018)

Quelle mouche a pu piquer l’Agence France Presse pour balancer le 8 octobre une infographie exclusive proposant (je cite) : « Quelques moyens pour réduire son empreinte carbone » ? Le joli tableau suggère onze actions classées en trois catégories.

Dans la première, un seul item : changer ses ampoules. L’impact est dit faible. Dans la seconde, quatre actions « à impact modéré ». Par exemple, laver son linge à l’eau froide. Suivent cinq actions « à impact élevé », économisant au moins 800 kilos d’équivalent carbone par an, comme abandonner l’automobile. Vient enfin le tout dernier moyen : avoir un enfant en moins. Le graphiste de l’AFP n’a pas réussi à faire entrer dans son cadre l’impact supposé d’un tel renoncement. Son schéma semble désigner l’infini. Un enfant de moins, c’est le Jackpot climatique. Le reste du tableau en devient dérisoire ; son message se résume au dogme malthusien : la surpopulation est cause de tous nos maux.

Sur les réseaux sociaux, c’est le tollé. Les uns ironisent : « Il manque l’item suicide ». D’autres rappellent l’hiver démographique qui menace L’Europe.

Du coup, l’AFP rétropédale : « Comme vous l’aurez compris, l’AFP ne vous invite pas à faire moins d’enfants » et se réfugie derrière sa source, une étude anglo-saxonne parue en 2017.  Or, justement, la méthodologie de l’étude en question a été sévèrement contestée. Elle prétendait que donner la vie revenait à rejeter 58,6 tonnes de gaz à effet de serre par an dans l’atmosphère. Ses auteurs ont dû réviser leur analyse et reconnaitre que les entreprises ont un impact sur le climat bien supérieur aux actions individuelles et, surtout, que c’est la surconsommation et non pas la surpopulation qui est en cause. Pourtant, de plus en plus d’adeptes du malthusianisme écologique semblent prêts à jeter le bébé avec l’eau du bain. Surfant sur la peur des migrations, ils répandent dans les pays vieillissants l’idée que la population des pays pauvres est la variable d’ajustement climatique à réguler. Dans Laudato’si, le pape François le dénonce clairement (je cite) : « Au lieu de résoudre les problèmes des pauvres et de penser à un monde différent, certains se contentent seulement de proposer une réduction de la natalité ». Et le pape de conclure : « la croissance démographique est pleinement compatible avec un développement intégral et solidaire ».

À la naissance de mon troisième enfant, un collègue m’avait reproché d’aggraver le trou dans la couche d’ozone. J’avais répliqué : « C’est lui qui paiera ta retraite ! »

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