Bas les masques ! (03 avril 2020)

L’affaire de la pénurie des masques est un scandale d’Etat. L’animatrice Marina Carrère d’Encausse – également médecin – a cautionné ce qu’elle a appelé le « mensonge » des pouvoirs publics qui nous ont affirmé que les masques ne servaient à rien. À l’entendre, cette contre-vérité a été proférée (je cite) « sciemment » (…) « et c’était pour une bonne cause » puisque c’était pour les réserver aux soignants. Là, je bondis, je proteste. En tant que citoyen, mais aussi comme éducateur et comme écoutant. Citoyen, comment peut-on attendre de moi la confiance dans la parole des autorités publiques en temps de grave crise sanitaire, si je découvre qu’elles me manipulent délibérément ? Chat échaudé craint l’eau froide. Tout discours, toute préconisation deviennent suspects. Il ne fait de mystère pour personne qu’une bonne part du débat politique est fondée sur un jeu de rôles. Chacun – selon une partition convenue – chante sa petite chanson qui n’a plus grand-chose à voir avec la sincérité. Je ne m’en réjouis pas. Mais là, on ne joue plus. Il s’agit de s’unir contre l’ennemi commun. Et on nous infantilise ? D’une façon que ne méritent même pas les enfants…

Educateur, j’ai en mémoire Marcel Pagnol qui rapporte dans La Gloire de mon père, qu’un adulte lui affirme « Il est permis de mentir aux enfants lorsque c’est pour leur bien. » Erreur, malheur ! Tant d’enfants souffrent parce qu’on s’est autorisé à leur mentir en prétextant leur bien, alors qu’ils savent ou sentent tout, et détestent, plus encore que des adultes habitués à la tromperie, qu’on leur mente. Voilà pourquoi le père et grand-père que je suis se rebiffe. Tout mensonge blesse ! La porte-parole du gouvernement, qui avait en son temps avoué aux journalistes : « J’assume parfaitement de mentir pour protéger le président » nous a expliqué les yeux dans les yeux l’inutilité du masque. Comment accorder le moindre crédit à un rôle de composition ? Qui ment sur un œuf ment sur un bœuf. Enfin, comme écoutant de personnes concernées par des fins de vie difficiles, je sais aussi combien l’absence de vérité entre celui ou celle qui termine sa vie et ses soignants ou ses proches peut ruiner la possibilité d’un accompagnement bienfaisant. Et laisser de douloureuses traces. Tout le monde savait ; chacun croyait que l’autre ne savait pas ou, pire, feignait de le croire. Il n’y a pas eu de parole de vérité. Le mensonge est liberticide. Dans certaines sociétés, les rapports sociaux sont fondés sur le mensonge. La confiance y est morte. Je le crains pour demain.

 

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