Générations Fragiles (3 mai 2019)

Nous sommes de plus en plus individualistes. Chacun veut être libre de conduire sa vie comme il l’entend. Non seulement en toute liberté, affranchi des conditionnements familiaux ou sociaux qui pourraient l’entraver, mais aussi – désormais – selon ses désirs voire ses envies du moment.

Du coup, la parole donnée, l’engagement, la promesse ont peu de poids… Autrefois, il suffisait à un maquignon – dont la dureté en affaire était légendaire – de taper dans la main d’un éleveur pour s’entendre définitivement sur la transaction à venir. Aujourd’hui, on remet tout à plat à la première occasion.

Nous sommes tous individualistes. Pas seulement les jeunes. Chacun entend jouir de sa vie… du moins tant qu’il est autonome. Car si les forts s’en sortent, ça n’est pas le cas des faibles. Et c’est là que je veux en venir : dans les services d’écoute et d’aide d’Alliance VITA, nous sommes marqués par ce que nous nommons les « générations fragiles ».

Nul ne sera étonné d’entendre que les personnes très âgées sont les plus vulnérables. Les solidarités horizontales – entre frères et sœurs, a fortiori entre cousins – s’étant dissoutes en Occident, on ne peut tabler que sur les solidarités verticales, entre parents et enfants.

Or, de nombreuses femmes sont seules. Veuves sans enfants ou célibataires, certaines sont si isolées qu’elles peuvent subir ce que je nomme une « euthanasie sociale ». Personne ne prend de leurs nouvelles, personne ne s’en préoccupe…

L’autre génération fragile, c’est celle des jeunes familles, surtout des mères isolées : de nombreuses femmes se retrouvent à élever seules des enfants en bas âge. Les compagnons d’un moment les auront abandonnées en apprenant qu’elles les ont faits pères. Ou le couple instable n’aura pas tenu… En France, 35% des familles dites monoparentales vivent sous le seuil de pauvreté. Imaginons la difficulté de ces mères à entrer ou rester dans la vie active alors qu’elles portent seules la charge d’une famille…

Dans une Europe gravement vieillissante, alors que le taux de fécondité – même en France – reste depuis des années sous le seuil de renouvellement des générations, pouvons-nous nous satisfaire que tant de personnes âgées (surtout des femmes) se sentent exclues de la société, tandis que tant de jeunes familles (surtout des mères) peinent au moment de leur entrée dans la vie active ?

A l’approche de l’élection européenne, Alliance VITA lance une campagne de sensibilisation avec dix propositions pour renforcer le soutien aux générations fragiles. Et en faire une priorité politique.

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